Tom Ibarra quartet au Caillou

Par Philippe Desmond, photos Alain Pelletier et Thierry Dubuc (nb)

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La valeur n’attend point le nombre des années, ce soir la preuve nous en a été donnée par des âmes bien nées. Le quartet de Tom Ibarra se produisait au Caillou et la moyenne d’âge du lieu a brusquement baissé. A la guitare (une belle demi-caisse Ibanez Artstar Prestige) Tom Ibarra  15 ans, aux claviers Thibault Daraignes  16 ans, à la batterie Thomas Galvan 20 ans et l’ancêtre du groupe à la basse Jean-Marie Morin 34 ans. De jeunes musiciens éclatants, bourrés de talent.

Le leader Tom Ibarra est non seulement un formidable guitariste mais aussi un compositeur prometteur comme ses titres originaux joués hier le  démontrent. Déjà doté d’une belle technique, il possède aussi une grande musicalité avec un son clair et élégant ; pas d’esbroufe lors de ses chorus, pas de démonstration de guitar hero – il avoue s’être calmé – pas d’abus avec les pédales d’effets mais de la musique avant toute chose. Le jeune homme paraît un peu timide certes, mais il a bien la tête sur les épaules, et fait preuve d’une réelle maturité lorsqu’on discute avec lui ; il est lucide du chemin à parcourir mais il sait déjà dans quelle direction.

Il vient depuis le début de l’année de se mettre – seul – au solfège, conscient du manque actuel pour progresser encore. La guitare il l’a apprise avec son grand-père « guitariste de bal » qui lui en a montré toutes les ficelles ou plutôt les cordes. Une culture musicale riche, faite dans le giron familial « où il y a tout le temps de la musique » confie sa mère et voilà notre tout jeune homme déjà chevronné techniquement et culturellement. Il évoque des influences plus ou moins présentes dans son jeu, de Larry Carlton à Carlos Santana. Au fait un petit détail, Tom vient aussi d’entrer en terminale L ; doué l’animal !

Deux sets électriques dans un genre jazz-rock, funk avec donc beaucoup de compositions personnelles déjà très bien élaborées et qui figureront sur le CD qui sort bientôt et des reprises bien retravaillées. Un « So What » virevoltant au tempo d’enfer, l’indispensable « Sunny », une version débridée de « Wrinkle » de Miles Davis… « Cantalupe Island » d’HH est joué en rappel après la belle ovation d’une assistance nombreuse et épatée pour ceux qui découvraient ce groupe, et même pour les autres.

Un quartet, donc trois autres musiciens à présenter car ils ne sont pas là dans le rôle de faire-valoir. L’assise du groupe c’est Jean-Marie Morin à la basse qui, peut-être un peu jaloux du jeune Tom, utilise deux basses électriques à 6 cordes. Un groove permanent, de beaux chorus il est un maillon fondamental du quartet.

Complétant la rythmique Thomas Galvan à la batterie sait se faire entendre sans abuser du potentiel volumique de son instrument ; précision, créativité permanente il maintient un rythme tendu sur tous les titres. Il n’a que vingt ans, ça promet.

Aux claviers Thibault Daraignes, un copain de lycée de Tom, son aîné d’un an, est remarquable, «  un monstre » dit son leader. Aussi à l’aise sur le quart de queue du Caillou que sur son synthé il est aussi bien capable de joueur funky que de développer des nappes mélodiques en contrepoint du guitariste, pas gêné par la légende qui dit que ces instruments ont du mal à cohabiter harmoniquement. Dommage qu’on ne l’ait pas un peu mieux entendu.

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La relève est donc là et même bien là et qui sait si dans quelques années – et on le souhaite – alors qu’ils seront devenus des références, on ne dira pas « je me souviens de leur début de carrière, j’y étais ».

En novembre ou décembre sort leur premier disque et Action Jazz ne manquera pas de vous en informer.

http://tomibarra.blogspot.fr/

Un commentaire sur “Tom Ibarra quartet au Caillou

  1. Eric Heuga dit :

    Très bel article tout à fait mérité !

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