Le Caillou du Jardin Botanique est vraiment devenu un lieu incontournable pour qui aime les jazz multiples à Bordeaux. Des plus calmes aux plus free (le Mercredi soir), la programmation est très inspirée et détecte les jazz qui caressent, ceux qui décoiffent ou ceux qui groovent. Bref, la pulse d’aujourd’hui le passionne et interpelle en son antre, d’ insatiables fans, en quête de nourriture ternaire sans cesse renouvelée. Le cadre de ce lieu est très agréable et on s’y s’attache. Vraie clairière de verdure à deux pas de la Garonne, dont on sentait le souffle, et accueil aimable et attentif réservé à chacun par l’équipe.
Hier soir, ce fût donc un réel plaisir de s’y retrouver entre joyeux amis jazz, tous accrochés à la musique et au bien vivre, pour y prendre quelques collations et rafraîchissements mais aussi, et surtout, pour y assister à un concert de musiciens qu’on aime déjà dans d’autres formations et que l’on découvrait là au sein du LAC Quartet.
Sur fond d’un magnifique coucher de soleil estival, François-Marie Moreau (sax, clarinette basse) et Thomas Saint-Laurent (guitare) offraient quelques unes de leurs compositions faites d’un jazz moderne et vivifiant. Une composition de Herbie Hancock a aussi été reprise vers la fin du set. Ca bouge et l’on est emporté ! Les phrases de sax vous tirent vers l’horizon, on s’imagine un grand lac, ou la mer, et nous voici penchés au bord d’un beau voilier, les embruns nous fouettant le visage. Des instants plus intérieurs sont aussi confessés, quand c’est la clarinette basse qui nous parle tout bas. Quel plaisir aussi de retrouver la guitare à tête chercheuse d’un Thomas Saint-Laurent visiblement très à son aise dans ce groupe, un son ample et élégant, générosité des chorus au son certes moins hirsute que chez reQ (que l’on aime beaucoup!), mais gagnant en profondeur boisée, et de petits finaux bien électriques, presque imperceptibles qui aguichent les oreilles. C’est la première fois que je voyais Nolwenn Leizour et Simon Pourbaix associer leurs alchimies rythmiques. Sous le couvert de sourires complices échangés, ils ont offert au groupe un remarquable pacte vertébral, garant de ses envolées éclairées. Nolwenn allie finesse et précision dans un jeu qui sait dompter les basses, et aligner de succulentes promenades aiguës. Comme elle nous le confiait récemment « j’adore jouer un bon walking bass ». Quant’ à Simon, c’est un batteur caméléon qui sait adapter sa belle technique aux divers univers musicaux auxquels il est de plus en plus convié. Batteur puissant et défricheur, il a hier soir joué plus dans une sorte « groove » élégant et délicat. Groove car la puissance était là, mais comme canalisée dans la retenue du « non joué », par moment, il ne faisait que suggérer ce qu’il aurait pu jouer, et créait ainsi très subtilement le rythme par son absence ponctuelle. C’était à nous de combler l’espace vacant. Et élégant et délicat car son jeu de cymbales nous a tous conquis par l’à-propos de ses scintillements, devenus indispensables au son d’ensemble. Un très beau groupe à suivre de très près.
Et une bien belle soirée à revivre au plus vite ! Un grand merci au LAC Quartet et au Caillou du Jardin Botanique !
Par Dom Imonk – Le 27/06/2014
LAC Quartet, le 26/06/2014 au Caillou – Photo © Philippe DESMOND