Tingvall Trio, Rocher de Palmer le14/10/16

Par Annie Robert, photos Christian Coulais

Tingvall Trio : Voyage dans l’International Express !!!
Un pianiste suédois, Martin Tingvall , un contrebassiste cubain, Omar Rodriguez Calvo, un batteur allemand, Jürgen Spiegel, le tout basé à Hambourg. Ouh là … Qu’est ce que c’est donc que ce trio méli-mélo, ce mélange incongru, cet attelage pas très conforme, cette arlequinade colorée que nous propose le Rocher ? On dirait un catalogue d’agence de voyage. Ou bien un compromis culturel pour alter mondialistes répondraient les fâcheux qui envahissent le monde…

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La soirée va nous montrer que ces trois musiciens sont bien au-delà d’un simple assemblage d’influences: leur musique est une invitation  à la découverte, au périple, à l’émotion partagée, la preuve que l’on peut être divers et ensemble. Même pas peur !! Grimpons dans l’International Express, et écoutons défiler les paysages sonores et les climats, les éclats, les grondements, les surprises et les peurs. Les rails crissent, les mains s’agitent, on démarre en absorbant le petit jour. Des compositions profondes alternent avec des titres survoltés et d’autres plus sombres. Ils mêlent des morceaux de leur nouvel opus intitulé «  Beat » avec d’autres plus anciens «  Sévilla » «  Crazy duck » ou « Mustach » mais  leur style reste permanent : des mélodies ciselées, parfois lyriques, des progressions rythmiques démultipliées par la puissance de la batterie et la pulsation de la basse, du jeu en accord et une vraie place pour chaque musicien.
Tingvall Trio c’est le jazz des grands espaces et des chevauchées, loin de celui de la ville et des bars de nuit. Ce sont des architectes paysagers, des passeurs de montagnes sonores. Au piano mélodieux ou furieux de Martin Tingvall  se mêlent les délicatesses d’une incroyable justesse et profondeur de la contrebasse d’Omar Rodriguez Calvo, magnifique, et l’époustouflant jeu à la batterie de Jürgen Spiegel simple et retenu ou roulant comme ouragan. Avec quelques touches d’humour, quelques accords tendres, de l’énergie débordante, du soleil ou de la mélancolie dans les esses de la contrebasse, un soupçon de thème folklorique de chez soi ou d’ailleurs, des frôlements délicats de balais, le trio est sans arrêt sur le fil du rasoir de la modernité ou du classicisme, porté par un beat roulant et avançant à perdre haleine. La mélodie se balade, rebondissant  sur l’archet vibrant ou sur les touches d’ivoire, la batterie se fait  chanson. Pas de ficelles, pas de trucs tout faits. Tout surprend. Jamais l’International Express ne tombe dans les précipices, il avale les  chemins et les vallées rien que pour nous. Un monde s’ouvre.
De fait, l’attention ne se dilue pas une minute, il y a toujours un petit sentier caché, une pierre folle qui brille, une phrase inattendue, une badinerie ou un clin d’œil amusé.
Happé par  l’atmosphère voyageuse ou onirique, le public attend la dernière note, le dernier silence à savourer pour applaudir. Le rappel sera aussi beau que le reste, un miraculeux « Mook », plein d’ardeur et une balade simple et épurée finissant sur deux notes légères.
Trois Echo Awards pour « Le groupe de jazz de l’année » et « Le concert de l’année » en Allemagne, quatre Jazz Awards respectivement pour la vente de plus de 10 000 disques pour leurs quatre albums : « Skagerrak », « Norr », « Vattensaga » et « Vagen » nous remémorent s’il en était besoin la qualité exceptionnelle de ces trois musiciens à découvrir d’urgence.
On aurait pu être plus nombreux à monter dans l’International Express de Tingvall trio et à se laisser embarquer, mais peut importe, le voyage fut beau, jamais futile, plein d’images musicales et superbes.
Pour une fois j’ai presque manqué de mots pour le dire…

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Merci à Christian Coulais pour les photos «  à l’arrache »  au téléphone portable.

http://www.tingvall-trio.de/

https://www.lerocherdepalmer.fr/

Plein phare entre les deux tours (1/2)

Par Fatiha Berrak, photos Thierry Dubuc

La Rochelle, le vendredi 07 Octobre 2016

1ère partie : Tom Ibarra Groupe

Tom Ibarra : Guitare et composition

Pierre Lucbert : Batterie

Jean-Marie Morin : Basse

Christophe De Miras : Clavier

Nous sommes au «Festival Jazz Entre Les Deux Tours» dans sa 19ème édition. Il y a des ponts qui convergent et viennent se nicher ici Espace Bernard Giraudeau, pour partager l’histoire d’un soir les fruits de leurs éclosions musicales et oui, comme un bonheur n’arrive jamais seul, ce soir deux jeunes rameaux qui s’épanouissent à leur manière sont mis à l’honneur …

D’abord il y a Tom Ibarra Quartet, coup de coeur du festival et pour cause …

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Tout juste 17 ans compositeur et virtuose de la guitare, endorsé (Ibanez Guitars, Roland & DV Mark) allié à ses attachants compères et formidables musiciens eux aussi. Pierre Lucbert aux tous frais 20 ans, à la batterie, endorsé (Yamaha), Jean-Marie Morin à la basse et Christophe De Miras au clavier.

Ce soir Tom pousse plus loin encore ses limites pour donner davantage de consistance à son jeu, du relief et de la profondeur viennent auréoler un style déjà bien affirmé.

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Qu’il se pose la question ou non, Tom connait son chemin, perçoit sa destination. Il avance pas à pas comme chaussé de bottes de sept lieux, nous mène par le bout du coeur et de l’oreille dans son sillon et pense à dire au passage « thank you Bob » (hommage à Bob Berg) … C’est un hommage qui en appelle un autre avec un « So What » personnel et éclatant en voix de guitare pour dire à sa façon, respect Monsieur Davis. Lorsque soudain, arrive un magnifique orage accompagné de ses éclairs pour un solo batterie de Pierre Lucbert.

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Plus rien ne bouge, jusqu’a ce que surgisse au détour d’un chemin, « Monsieur chat » dans toute sa splendeur fier et élégant il daigne tout de même nous accorder son félin regard avant de prendre la poudre d’escampette pour se jeter aux bras de la douce et tendre « Mona » qui ne rêve que d’une lointaine « Exotic city »…

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  • Question
  • Thank You Bob
  • So What
  • Solo batterie
  • Mr Chat
  • Mona
  • Exotic City

2ème partie : Panam Panic Featuring Beat Assailant

Robin Notte : Fender Rhodes – Piano

Max Pinto : Sax ténor

Julien Alour : Trompette – Bugles

Julien Herné : Basse

Aurélien Lefebvre : Batterie

Adam Turner (Beat Assailant)

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De quoi vous tenir éveillé toute une nuit sans caféine avec une telle équipe ! Soudée comme un seul homme dans un alliage à la fois souple et résistant qui partage maintes influences musicales, dont Jazz Funk, Groove, en passant par le Rap qui s’invite en beauté !

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Ce soir toutes ces sonorités se mêlent avec soin dans une composition générale absolument chatoyante aux extraits de calme vif et de vif éclatant. Nous sommes dès le début propulsés dans un drôle de vaisseau au rythme d’une trompette lumineuse et aérienne qui tranche dans le vif du silence, soutenus par un sax qui nous plaque et nous charme totalement. Maintenue suspendus pour le reste du concert où le clavier souffle la pluie et le beau temps. Il est clair que le soleil n’a pas voulu se coucher ce soir et nous non plus !!!

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Coup de vent sur le bassin

Par Fatiha Berrak, photos Thierry Dubuc

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Best Western La Teste de Buch le samedi 17 septembre 2016

Ce soir l’association Bassin’ Jass présidée par monsieur Jean Claude Doignié invite la formation Tenor Battle composée aux saxophones ténors de Claude Braud, Pierre Louis Cas, Philippe Chagne et Carl Schlosser ténor et flûte.

La section rythmique est assurée par Patricia Lebeugle à la contrebasse, Franck Jaccard au piano et Stéphane Roger à la batterie.

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Ni flonflons ni paillettes, juste une sobre décontraction aux sourires généreux, c’est la touche des grands qui gagnent leur place, dans le coeur des gens.

D’ailleurs tout le monde est là de 7 à 77 ans, du découvreur au connaisseur. Ici et maintenant chacun peut y trouver son compte et marquer ses points …

Le voyage commence à l’heure, le décollage s’amorce enfin, nous voilà soudain empoignés par une première volée de mots fulgurants et cuivrés.

La formation riche d’amitié, d’une réelle complicité et d’humour que ces messieurs et dame partagent à volo …

C’est l’union sacrée des sages qui a su préserver son esprit d’enfant pour le laisser se manifester et courir librement hors de sa bulle comme un supplément d’âme frais et tendre.

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Il ne semble pas que les prévisions météorologiques aient annoncé tant de souffles ce soir et pourtant !!  Un souffle tournant depuis les points cardinaux, presque espiègle, fougueux, en petites fugues et bouquets fleuris, tout y est.

Dès la première page de la soirée nous sommes surpris de temps à autre les yeux mi-clos, entrain de déguster intérieurement la qualité de jeu de chaque artiste pour nous faire prendre conscience que nous sommes ce soir au creux de l’instant nommé privilège.

Tenor Battle, leur album sorti en janvier 2016 nous est présenté à cette occasion. C’est la musique des année 50, jazz swing, boogie, blues, adaptée par nos compères.

D’ailleurs c’est avec Flight of the foo birds de Neil Hefti popularisé par Count Basie mis à l’honneur ce soir, que précisément une femme féline est apparue subitement sur l’espace carrelé noir et miroitant. Comment vous dire ?… Aussi légère et vive portée par ce rythme surchauffé ondulant, sautillant, bondissant et enjoué, lorsque la belle prend la main de son ami ravi semble-t-il  … Les voilà tous deux glissants et virevoltants avalés dans le ruban multicolore des saxos, piano, contrebasse et battant pavillon de la joie d’un couple enchanté. Vous pouvez me croire, ce fabuleux duo a bel et bien existé, même s’il n’a pas quitté mon imagination avant ce soir. Ceci dit je suis certaine que d’autres ailleurs et à d’autres moments les ont également remarqué …

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Playlist de la soirée

1. My Delight (Rashaan Roland Kirk)

2. Stolen Sweets (Wild Bill Davis)

3. Flight of the foo birds (Neal Hefti)

4. Moten Swing (Bennie & Buster Moten)

5. After Supper (Neal Hefti)

6. Comin’ home baby (Bob Dorough and Ben Tucker)

7. Drums boogie (Gene Krupa)

8. Shiny Stockings (Frank Foster)

9. Cristo Redentor (Duke Pearson)

10. My Full House (David Newman)

11. The preacher (Horace Silver)

12. Robbin’s Nest (Charles Thompson/Illinois Jacquet)

13. In A Mellow Tone (Duke Ellington)

Le prochain concert de l’association Bassin’ Jass :

Le samedi 15 octobre, Les oracles du phono avec Nicolas Fourgeux ténor, Jacques Sallent trompette, Vincent Libera trombone, Jean Pierre Caré Banjo, Mathieu Bianconi Sousaphone, Stan Laferrière Batterie, Daniel Huck alto et chant.

http://www.bassin-jass.net

Un air frais et doux, venu de Québec au Caillou

Par Fatiha Berrak, photos Thierry Dubuc  

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Si le Caillou a pour simple coutume de nous offrir de beaux ricochets musicaux dont il a le savant secret… ce soir alors il en est un à marquer d’une pierre blanche, oui blanche comme neige et chaleureuse tel un été indien. Ce jeudi 8 septembre 2016, nous voilà face à trois jeunes musiciens forts de leurs talents aux allures boréales.

Il s’agit de Simon Bellemare à la batterie, originaire de Sherbrooke, Jeanne Corpataux, la petite magicienne à l’archet, contrebassiste. Elle a étudié le piano et le violoncelle durant 6 ans, puis la contrebasse à partir de ses 11 ans originaire de Drummondville et Simon Denizart, leader du groupe, pianiste et compositeur français, originaire de Créteil.

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Les trois jeunes gens se sont connus à l’université de Montréal en 2011.

Ils sont alors influencés musicalement par Esbjörn Svenson, Avishaï Cohen, Tigran Hamasyan et Keith Jarrett, dont ils jouaient quelques reprises à l’époque.

En 2013, leur projet voit le jour et s’avance, remarquable et remarqué.

En 2014, ils sont sélectionnés pour le concours de la relève du festival de Rimouski … Cet élan va les porter pendant 20 dates dans une tournée à travers le Québec, où le public charmé les accueillera cordialement, tout comme nous ce soir…

Le trio est uni au label canadien ( The 270 Sessions ) qui produit leur premier disque  ‘’between two worlds‘’ sorti en 2015, s’en suivra alors une tournée européenne en France et en Pologne, toujours avec succès. Si vous ne les connaissez pas encore, allez tendre l’oreille vers leurs deux disques, dont le dernier ‘’beautiful people’’ ouvrira notre soirée, comme le précise Simon Denizart, ce titre est un hommage à la beauté malgré un contexte parfois très difficile… Suivi des titres : Monique, Leaving Créteil, If my balcons could talk, No more love et Family time qui s’égrainent avec délice.

Nous voilà gratifiés d’une prestation toute en beauté, douceur, finesse et élégance bref, la classe pour une rentrée mélodieuse à souhait et pleine de promesses…

Après une petite pause bien mérité pour le sympathique trio, nous voilà embarqués par le titre between two worlds, puis, Pocket Wheels, Last Dance, Skyline, A day in Hell, et If i Were a Rockstar qui lui rappelle sa conseillère d’orientation lui suggérer de suivre la filière plomberie, ce qui n’était vraiment pas un bon tuyau … Il a bien été inspiré de ne rien en faire et de persévérer dans son propre choix pour son bonheur et le notre avec…

Quelques clients du Caillou qui étaient attendus ailleurs après le dîner n’ont pas pu dire non à l’irrésistible et sont restés comme tout le monde jusqu’au bout des rappels…

Non et non, le bonheur partagé ne se refuse pas…!

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La Gazette Bleue N° 18 vient de sortir ! Spécial Yoann Loustalot, les festivals & bien plus !

Bonjour ! Voici la Gazette Bleue N° 18 Sept 2016 !

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C’est Yoann Loustalot qui vous y accueille. On a aussi rencontré Thomas Julienne et Stéphane Séva. Visite au Quartier Libre (Bordeaux) et flashback sur des festivals comme Andernos, Monségur, Respire Jazz et Saint-Émilion. Sans oublier les chroniques de disques et vos rubriques habituelles.

Bonne rentrée et bonnes lectures !

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Didier Ballan Jazz Ensemble, Chez Alriq Bordeaux 16/08/16

Par Dom Imonk, photos Irène Piarou

Didier Ballan Jazz Ensemble

Didier Ballan Jazz Ensemble

Partir, larguer les amarres, c’est un peu ce que propose la guinguette Chez Alriq, car l’eau qui lui chatouille les pieds, vaste comme une mer, en fait un port, une escale. On y embarque sans se faire prier, à la découverte de nouveaux paysages sonores, et ce soir, c’est le bateau du Didier Ballan Jazz Ensemble qui nous accueillait pour revivre son projet Japam, dont l’esprit colle parfaitement au lieu. Peu avant le concert, Didier Ballan nous parlait de l’Inde, pays vénéré, qu’il visita plusieurs fois, avec son épouse Christiane, cinéaste. Il évoquait la remontée du Gange jusqu’à sa source, parcours spirituel, sur des flots chargés d’histoire et de signes. Marqué par une telle aventure, l’un de ses projets est de filer ainsi sur la Garonne, pour atteindre son berceau, dans les Pyrénées espagnoles. Et qui sait, peut-être lui dédiera-t-il une composition. La présence de ce fleuve tout proche est source de sérénité, et ce magnétisme aquatique rend les gens heureux et curieux. De semblables flux traversent la musique de l’Ensemble. Le concert a délivré un message de paix, susurré dès l’ouverture, sur fond de bourdon joué par Didier Ballan à l’harmonium indien, par l’excellente Emilie Calmé (flûte, bansuri) jouant une douce introduction à Japam, hymne de vie, dont le thème qu’on n’oublie plus est une respiration. Tout est calme et s’accélère soudain d’une fièvre collective où Didier Ballan, passé au piano, et Emilie Calmé sont vite encerclés par les rythmes et les sons capiteux d’une troupe bien soudée. On retrouve la patte de Nolwenn Leizour (contrebasse), un jeu stylé, profond et précis, limite « vitousien » par moment, alors que Jéricho Ballan (batterie) s’affirme de jour en jour en s’envolant de plus en plus haut, tel un Peter Pan des baguettes. Ce soir à ses côtés Ersoy Kazimov (derbouka, bendir), l’associé idéal, subtil mais enflammé jongleur de peaux, carrément en état de grâce. Un chorus de guitare incendiaire d’un Christophe Maroye en grande forme, a conclu cette consistante mise en bouche.

Nolwenn Leizour & Émilie Calmé

Nolwenn Leizour & Émilie Calmé

Ersoy Kazimov

Ersoy Kazimov

Christophe Maroye

Christophe Maroye

Le groupe fait corps et les morceaux se bonifient avec le temps. Ainsi « Amour » nous téléporte dans un paradis de douceur où quiétude et sérénité sont inspirées par une flûte fluide et onirique. « Jeru’s Dance », hommage calme et ensoleillé de Didier le père à son fils Jéricho, rondement mené, met tout le monde en valeur, et en prime un chorus tout en finesse du jeune batteur. Le premier set se termine déjà, avec un somptueux « Massala Café », méditatif au début, puis gagné par le rythme et un peu de mélancolie, lézardée d’une guitare torturée.

Jéricho Ballan

Jéricho Ballan

Le deuxième set démarre très fort par « Kaos », une sorte de heavy rock mutant, torride et crépusculaire, mené par un riff de guitare hallucinant. La batterie n’a rien à envier à celle d’un Bonzo et la basse pilonne. Le binaire est roi, tout le monde s’affaire à la fusion de ce métal et le piano du chef est l’oiseau qui survole la cité en flamme. Au final, comme une rédemption, le guitariste roi pourfendra les fumées d’un éclair ferraillant. Après la tempête, l’accalmie avec « Doute », l’un des grands thèmes du projet, l’impression qu’on est en apesanteur dans un éther bleu pacifique. Piano, flûte, harmonies de guitare et pouls rythmique apaisé, tout respire une beauté, transmise aux délicieux « Madhavi » et « Cerise » qui referment ce set. Le public jubile et en veut plus, alors voilà le rappel.  » La surfeuse des sables « , titre qui démarre en mode bluesy et se mue bien vite en un groove irrésistible, guidé par la flûte très seventies d’Émilie Calmé, qui mène un bal où tout le monde prend de monstrueux chorus. Un vrai feu d’artifice qui clôt une magnifique soirée que l’on souhaite revoir bien vite. Le bateau s’est transformé en un immense tapis volant qui nous emmène tous, au loin, très loin, nous ne sommes pas prêts d’en redescendre !

Didier Ballan

Didier Ballan

http://www.didierballan.com/

http://www.laguinguettechezalriq.com/

La Gazette Bleue N°17 vient de sortir ! Spécial Antoinette Trio & plus !

Bonjour à tous ! Voici la Gazette Bleue N° 17 Juillet 2016

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Elle ouvre l’été, avec la belle Julie Audouin d’Antoinette Trio. Une Gazette bleue comme la mer et pleine comme un sac de vacances, avec rubriques, chroniques et agenda.

Nous vous souhaitons beaucoup de bonnes musiques, un bel été et d’excellentes lectures !

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La Gazette Bleue N° 16 vient de sortir ! Spécial Olivier Gatto & more

Hello à tous ! Voici la Gazette Bleue N° 16 Mai 2016!

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Special Olivier Gatto, mais aussi Omar Sosa et Jacques Schwarz-Bart, John Hollenbeck et le Big Band du Conservatoire de Bordeaux Jacques Thibaud – Officiel, Marie Carrié et Sébastien Iep Arruti. Beaucoup de chroniques, plus vos rubriques habituelles. Merci à toute l’équipe, ainsi qu’aux amis, artistes et partenaires, et à vous chers lecteurs ! Et n’oubliez pas le précieux agenda en fin de Gazette, en pistant bien les pages festivals qui arrivent à grands pas !

 

Bonnes lectures !

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Paolo Fresu Devil Quartet- Le Off d’ Eymet samedi 09/04/2016

Par Dom Imonk, photos : Joel Delayre

Paolo Fresu

Paolo Fresu

Blottie aux portes du Périgord, Eymet est une charmante petite ville, dont le cœur s’enflamme chaque année pour le jazz, de l’automne au printemps. Ainsi, ce samedi, on vivait le concert de clôture de la 10° édition de ses « Off », amoureusement concoctés par l’association Maquiz’Art  que dirige avec passion Laurent Pasquon, un fou de musique, tout comme sa douce épouse Suzanne, et une solide équipe de bénévoles dont on salue aussi l’engagement. L’éclectisme de la programmation, ouverte à l’international, explique le succès de ces soirées. Jugez plutôt la richesse de cette dernière édition: Mowgli et Sabbagh/Humair/Monder en Octobre 2015, The Boss City et Meta en Novembre et Samy Thiébault en Décembre ; puis 2016 démarre avec B2Bill et Elvin P-Leez en Janvier, suivis de Gregory Privat/Sony Troupé et Yoann Loustalot en Février et de Portal/Peirani/Parisien et Panam Panic en Mars. C’est le grand retour du trompettiste bugliste Paolo Fresu, qui était déjà venu au « Off » avec son ami Omar Sosa, pour un magnifique concert en Octobre 2012. Ce soir c’est au tour du Devil Quartet d’embraser une salle toute neuve, au design et à l’acoustique parfaits. Le public est nombreux et c’est un vrai plaisir que d’y retrouver Suzanne et Laurent, ainsi que les amis de Bordeaux, Marc, Annie, Martine et Jean, et quelques autres têtes connues.

Le Devil Quartet est une formation qui délivre un jazz moderne et raffiné, plutôt groove et pêchu, ce qui n’exclut pas la finesse et la tendresse par moment. En plus d’être un musicien et compositeur réputé, Paolo Fresu est un humaniste clairvoyant, qui sait s’associer avec des personnalités qui le sont tout autant. On trouve ainsi à ses côtés de grands acteurs de la scène italienne: Bebo Ferra (guitare, effets), Paolino Dalla Porta (contrebasse) et Stefano Bagnoli (batterie). Le Devil Quartet a actuellement deux albums : « Stanley music ! »  (Emi/Blue Note 2007) et « Desertico » (Bonsaï Music/ Tuk records 2013) qui sera principalement joué ce soir, mais Paolo nous a confié qu’un troisième disque était en préparation.

Voilà que les lumières s’éteignent, le groupe arrive fringant, et le concert débute par « Ambre », balade gorgée d’un feeling nostalgique, qui nous séduit d’entrée par sa douceur, guitare cristal, basse féline et un Paolo Fresu impressionnant, dont le final le voit tenir la note à l’infini par respiration circulaire, soutenu par les samples magiques du guitariste. C’est un « Moto perpetuo » (Stanley Music !) up tempo qui prend la suite, morceau écrit pour un documentaire sur la Palestine. Les sonorités liquides de Bebo Ferra lui vont à ravir, on pense au Scofield de Decoy (Miles). Paolo ensorcelle les sons d’electro, qu’il diffuse en éclairs précis, alors que basse et batterie poussent le tout en sautillant, Stefano Bagnoli finira même en claquant simplement des doigts. Du grand art que l’on retrouve aussi dans le très beau « La follia Italiana » qui suit. Paolo Fresu est aussi un conteur de l’intime. Tout le monde était pendu à ses lèvres quand il a raconté l’histoire de l’hôtel  Universo (« hôtel de charme » dixit Paolo) à Lucca, ville au sud de Florence, où il devait jouer, et de la « chambre n°13 » qu’aurait jadis occupé Chet Baker, dont une photo trônait derrière le lit. Tout ceci dit avec humour et respect, pour annoncer « Blame it on my youth », reprise en son temps par Chet, vibrant hommage, la trompette sourdine nous tire les larmes, tandis que Bebo Ferra et Paolino Dalla Porta nous enchantent de deux somptueux chorus. « Desertico » – à moins qu’il ne s’agisse plutôt d’un medley « Desertico/Voci Oltre » – est l’un des rendez-vous majeurs de cette soirée. L’un des morceaux où le trompettiste s’adresse « spirituellement » à la fois à Miles Davis et à Jon Hassell, ses maîtres avoués. Tout y est, c’est magique. Tempo soutenu, tantôt une electro discrète à la Jon Hassell au début, tantôt des fulgurances à la Miles. Contrebasse et batterie sont les redoutables alliées d’une rythmique groove façon 70s, sur laquelle Bebo Ferra dépose des chorus princiers tatoués de samples fouillés. A un moment, on croit même détecter une allusion furtive au « My Man’s gone now » version We Want Miles. C’est fou ! Mais ça ne va pas se calmer car un « (I can’t get no) satisfaction » de braise va nous clouer au sol en fin de set.

Un premier rappel nourri par l’amour révèlera encore la belle âme de Paolo et de ses hommes. « Ninna Nanna per Andrea » hommage aux papas du groupe,  et à Suzanne, puis « Inno alla vita », dédié aux enfants migrants et à ceux d’Haïti pour laquelle Paolo Fresu s’est engagé et dont il est récemment revenu bouleversé. C’est un superbe « Bye bye blackbird » qui clôt cette très belle soirée, la précise sourdine et les silences de notre trompettiste mènent ce groupe d’exception vers la coda, en forme de berceuse. Les « Off » reviennent dans six mois, et Paolo Fresu a son festival « Time In Jazz » à Berchidda (Sardaigne) début Août, surveillons-les de très près. Un grand merci aux « Off » d’Eymet et aux musiciens, et disons tous en cœur « We want Devil Quartet ! », « We want Paolo ! ».

 

Le Devil Quartet

Le Devil Quartet

Paolo Fresu

Time in Jazz

Maquiz’Art

Africuba, une joyeuse liaison amoureuse


Harold Lopez-Nussa / Alune Wade
Rocher de Palmer 31 /03/2016

Par Annie Robert, photos Philippe Marzat. 

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Deux continents séparés par un océan profond…deux hommes, deux cultures et une volonté, celle d’être ensemble et de partager la bande son de l’Afrique à la sauce cubaine, une bienheureuse nécessité !!
Comme un certain nombre de ses compatriotes, le pianiste Harold Lopez Nussa, dans la tradition du piano cubain d’Omar Sosa ou de Roberto Fonseca explore à demi teintes les racines de son île depuis quelques années déjà. Elles font partie de son histoire, de sa pulsation interne. Elles irriguent le bout de ses doigts. Dansant, épanoui, subtil, on connaît son style latin -jazz, séduisant en diable.

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Ce soir, il fait équipe (le mot équipe est vraiment le bon) avec Alune Wade bassiste et chanteur sénégalais, à l’élégante silhouette dégingandée qui a collaboré avec les plus grands (Marcus Miller en autre). Voici donc des bribes d’Afrique à Cuba et des morceaux de Cuba en Afrique dans une boucle qui défrise, un pas à l’amble sous l’égide de la joie et de l’enchantement de deux artistes à la fois facétieux et virtuoses.
Fondus des mystères magiques, des rythmes complexes, des gouttes de sueur parfumées, des solos de basses enfiévrées, des pas chaloupés et des jupes virevoltantes, ce concert est pour vous, pour nous. Il éparpille une vitalité à tomber de fatigue. Il redonne du peps, de la pétillance, un parfait mélange de gingembre et de papaye fraîche.
Un démarrage sur les chapeaux de notes avec « Aminata » et en avant la pulsation et le rythme!! C’est le bouillonnement. !! Il faut dire que des classes d’enfants sont présentes, attentives, enthousiastes et pleines de vie qui donnent à ce concert un aspect de fête de village où la salle rie, participe, frappe des mains et chante sans se faire prier. Les pieds gigotent et les hanches se tortillent sur les sièges. Cela tient du club de jazz de la Havane avec sa chaleur un peu moite et des plaines sèches du côté de Saint Louis, telles qu’on les rêve. Des moments tendres et calmes avec la voix ou les voix harmonisées de l’ensemble du groupe alternent avec des chacha, des rumbas endiablées ; de douces complaintes entêtantes finissent en salsa tonitruante. Un parfait tissage, métissage imbriqué, sans que l’on s’en rende compte, se faufile et se met à l’œuvre de façon naturelle, évidente et toute simple. Il s’agit comme le présente Aluna Wade, dans sa charmante nonchalance de revisiter les standards africains des années 50/60, eux-mêmes issus de l’appropriation africaine de la musique cubaine. Une double lecture en somme où défilent des perles célèbres (Indépendance Cha Cha, Ayé Africa, ) auxquelles les deux complices mêlent leurs propres compositions, un brin de Kalimba et de bongos.
Autour deux, Olivier Tshimanga à la guitare rajoute une once de folie décalée (si jamais il en manquait …) et la belle trompette de? ) (désolée je n’ai pas retenu le nom…) cubanisante à souhait, solaire, Buena Vista Social Club à donf un couleur dorée et joyeuse. Un aparté avec mention spéciale brillante et hors compétition pour Ruy Adrian Lopez Nussa, le petit frère. Les deux frangins nous gratifieront d’un petit jeu à quatre mains au piano «  Los Munecos » virtuose, ravissant les enfants présents. Mais c’est à la batterie que ce dernier se révèle vraiment, tonique, ludique, inventif, créatif, tâtant du bois comme de la peau, du bongos comme de la cymbale. Eclatant !!
Délicat métissage de couleurs et d’atmosphère, ce concert entre La Havane et Cuba nous a prouvé avec délices qu’ un océan peut se réduire à un filet d’eau, à une flaque, à une gouttelette et que les cousinages et les amours sont plus solides que les distances. Un délicieux concert. Que Viva Africuba !!